Après plusieurs semaines
d'intense activité
sismique localisée sous l'Eyjafjallajokull
dans le sud de l'Islande, ce volcan est entré
en éruption dans la nuit du 20 au 21 mars
2010 peu avant minuit heure locale. Le volcan
est situé sous le glacier du même
nom, un des trois qui enserrent la vallée
de Thorsmork. Il est
aussi connu sous le nom d'Eyjafjöll.
La région est peu peuplée
mais toutes les habitations situées entre
Hvolsvöllur et Vik ont été
évacuées dans la nuit par mesure
de sécurité. Le bétail est
resté sur place. Aucune victime ni dégât
n'est à déplorer. La zone a été
bouclée et les routes d'accès fermées
jusqu'à nouvel ordre. Un avion des garde-côtes
avec à son bord, scientifiques et journalistes,
a survolé pendant 3 heures la zone de l'éruption
pour observer son aspect, étudier l'activité
et évaluer les risques.
Il s'agit d'une éruption
fissurale de 1 km de long vomissant des fontaines
de lave. Elles forment un véritable rideau de
feu. Une quinzaine de coulées de lave s'échappent
de la fissure orientée nord-est sud-ouest.
Celle-ci s'est heureusement ouverte à Fimmvörðuháls
sur le flanc est du volcan, entre le glacier Eyjafjallajokull
et le glacier Myrdalsjokull, et non sous la calotte
du glacier. Il n'y a donc pas eu d'inondation
ni de coulée de boue mais on voit sur cette
vidéo
et la photo ci-dessous que l'éruption a
lieu au milieu d'un paysage enneigé et
un jökulhlaup (terme islandais désignant
une coulée de boue dévastatrice
constituée de débris de roches,
de cendres et de glace fondue) n'est pas totalement
exclus si la faille éruptive s'étendait
vers l'un de deux glaciers.
L'espace aérien a été
fermé et les vols intérieurs annulés
dimanche en raison des risques que présentent
les cendres volcaniques pour les moteurs d'avion
: blocage des réacteurs et crash. D'autres vols
ont eu du retard, sans doute déviés
pour contourner le nuage de cendres. Comme l'éruption
est de type hawaïen, la quantité de
cendres émises dans l'atmosphère
reste assez modeste. Le panache de fumée
s'élèvait à 1 km de hauteur
dimanche. Les vols ont pu reprendre lundi. Il
est impossible de prédire l'évolution
de cette éruption mineure ni présumer
de sa durée.
La plupart des habitants évacués
ont pu rentrés chez eux dimanche soir pour nourrir
leurs animaux. Ceux des 14 fermes les plus proches
de l'éruption ont dû attendre une
nuit de plus. La menace imminente était le risque
d'inondation, l'émanation de gaz toxiques et mortels
(dioxydes de carbone et de soufre) et les projections
de lave. Ces dangers immédiats ont pu été
écartés après évaluation
de la situation mais la région reste en
état d'alerte et l'évolution de
l'éruption est suivie de près par
les autorités et les géophysiciens.
Les cendres retombées
sur Hvolsvöllur lundi sous forme de fine
poussière grise ont été prélevées
pour analyse. Si les cendres s'avéraient toxiques
(fluorures), elles pourraient empoisonner les
paturages environants et le bétail par voie de
conséquence comme ce fut le cas après
l'éruption du Laki en 1783. Comme c'est
la fin de l'hiver, moutons, chevaux et vaches
résident encore à la ferme et sont
nourris par des ballots de foins récoltés
l'été passé. Il a été
fortement conseillé aux fermiers de garder
le bétail à l'intérieur en
attendant le résultat
des analyses.
Les autorités craignent
que cette éruption ne déclenche
le réveil du volcan voisin, le Katla situé
sous le glacier Myrdalsjokull. Une éruption
sous-glaciaire serait bien plus destructrice à
cause des violentes explosions phréato-magmatiques
et des inondations (jökulhlaups) résultant
de la fonte massive de glace. Les séismes
observés ces dernières semaines
sous l'Eyjafjallajokull résultaient de
la montée du magma. L'image ci-dessus montre
l'activité sismique du 22 au 24 mars 2010.
Jusqu'à présent, le Katla ne présente
aucune activité inhabituelle (ni séisme
si gonflement) mais ces deux volcans ont des réservoirs
magmatiques qui communiquent et l'histoire a montré
que chaque éruption de l'Eyjafjallajokull
avait été directement suivie par
une éruption du Katla.
L'Islande connait en moyenne
une éruption tous les 5 ans. La dernière,
celle du Grimsvötn, remonte à 2004.
Il était à prévoir que la
prochaine n'allait plus tarder. Mais on s'attendait
plutôt au réveil de l'Hekla. Quant
au Eyjafjallajokull, sa dernière éruption
remonte à 1821 et a duré jusqu'en
1823. Les précédentes ont eu lieu
en 920 et 1612. Toutes trois ont été
suivies par une éruption majeure du Katla,
le volcan sous-glaciaire voisin qualifié
de redoutable et vicieux.
Ceux qui envisageaient d'effectuer
cet été le trek du Laugavegur reliant
le Landmannalaugar à Skogar devront peut-être
renoncer à leur projet, du moins sur le
dernier tronçon qui relie Thorsmork à
Skogar par le col de Fimmvörðuháls
car c'est précisément là
qu'a lieu l'éruption. Voir
carte. La faille a englouti les piquets qui
balisent le sentier. Celui-ci passe par le plateau
de Morinsheiði puis contourne Brattafönn
par la gauche en se dirigant droit vers la colonne
de fumée et la fontaine de lave comme on
peut le visualiser sur la photo ci-dessous. Même
si l'éruption se terminait rapidement,
les coulées de lave ne seront refroidies
qu'en surface et le sentier devra être rebaliser
avant d'être ouvert. Wait and see ...
Pour suivre l'éruption au jour
le jour, visitez la page
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