Les légendes islandaises
regorgent de créatures mythiques dont les
plus connues sont les trolls et les elfes. Il
faut avouer que le climat de l'Islande se prête
volontiers à ce genre de superstition.
L'obscurité quasi permanente en hiver,
le brouillard fréquent qui s'abat sur ce
paysage rude et sauvage, le silence des hauts
plateaux laissent facilement l'imagination vagabonder.
Errer parmi les rochers noyés dans le brouillard
est une expérience inquiétante.
Par étonnnant donc, qu'aujourd'hui encore,
un islandais sur deux croie à l'existence
du huldufólk, le peuple caché. C'est
le nom donné aux elfes. Certains prétendent
même les voir ou leur parler. Ils habitent
les rochers et les collines. Ils ont la réputation
d'être beaux, minces, petits comme des enfants,
malins, espiègles, bienveillants ou indifférents
aux hommes. En fait, ce sont les enfants cachés
d'Adam et Eve.
La légende raconte que Dieu
rendit visite à Adam et Eve mais qu'Eve
n'eut pas le temps de laver tous ses enfants avant
son arrivée. Elle ne lui présenta
donc que les propres et cacha les autres à
sa vue mais Dieu ne fut pas dupe et décréta
que puisque c'était ainsi, les enfants
qu'elle lui avait cachés le resteraient
à tout jamais aux yeux des hommes. Ainsi
les elfes sont invisibles sauf s'ils souhaitent
se montrer. Ils vivent en parallèle de
notre monde et tant qu'on les laisse tranquilles,
ils nous laissent tranquilles.
Dans les années 70, une
route en construction dans la banlieue de Reykjavik
dut être déviée afin de contourner une colline
où vivaient des elfes. Un médium
avait prévenu les autorités mais
n'avait pas été pris au sérieux.
Après divers incidents et pannes de machines,
ses propos furent enfin pris en compte et le tracé
de la route modifié. Avant de construire,
les islandais font appel à des voyants
pour identifier les rochers susceptibles d'être
"habités" pour éviter
tout incident.
Vous remarquerez peut-être
aussi dans les jardins islandais la présence
de quelques pierres entassées dans un coin
sauvage. Il s'agit d'habitat pour les elfes. Quand
on construit une nouvelle maison, la tradition
veut qu'on réserve une petite place aux
esprits qui habitaient les lieux auparavant afin
de rester en bons termes avec eux et s'assurer
de leur bienveillance.
Quant aux trolls, c'est une
autre paire de manche. Ils sont méchants,
cruels, infiniment laids, forts et trapus mais
plutôt bêtes. Ils vivent dans des
grottes et se nourrissent de chair humaine ou
à défaut de bétail. Ce sont
l'équivalent de nos ogres. Quand une trollesse
capture un homme, ce n'est pas toujours pour le
manger. Elle peut le réduire en esclavage
et si celui-ci n'a pas réussi à
s'échapper dans les deux ans, il se transforme
définitivement en troll.
Leurs points faibles c'est la
boisson et les rayons du soleil. Dès que
le jour se lève, si le troll n'a pas regagné
sa caverne, il est changé en pierre irrémédiablement.
Un conte populaire raconte comment un homme a
réussi à échapper à
un groupe de trolls en leur offrant de la bière
(malt) pendant toute la nuit, leur faisant oublier
toute prudence et notion du temps. Ils furent
surpris par le lever du jour et pétrifiés
à tout jamais.
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troll de Skogafoss |
trolls de Reynisdrangar |
troll de Hvitserkur |
Vous aurez l'occasion de croiser
plein de trolls pétrifiés durant
votre voyage. "Karl og Kerling", un
couple figé devant sa grotte dans un coude
de la Jokulsá á Fjöllum (parc
de Jökulsargljufur), les deux trolls de Reynisdrangar
occupés à échouer un bateau
3 mâts sur la plage de Vik, Hvítserkur
sur la pénisule de Vatnsnes ou le troll
de la cascade Skogafoss. Je vous invite à
ouvrir l'oeil et en découvrir d'autres
par vous-mêmes.
Parmi les légendes islandaises,
on retrouve aussi des géants malfaisants
qui chevauchent le toit des fermes les jours de
tempête, des revenants à l'apparence humaine
qui attirent les vivants et les emportent avec
eux dans l'au-delà ou des esprits tutélaires
qui apparaissent pour avertir d'un danger ou d'une
mort imminente.
Dernières petites anecdotes
au sujet des revenants qui hantent les sagas islandaises.
Lorsqu'un homme mourait chez lui dans son lit,
on détruisait une cloison pour sortir le
cadavre ou on creusait un trou sous le mur de
la maison plutôt que de le faire passer
par la porte. Ceci afin qu'il ne puisse pas retrouver
son chemin pour revenir hanter les vivants. Et
pour éviter qu'il n'entraîne les
jeunes filles en les interpellant par leur prénom,
il était coutume de baptiser les filles
Gudrun (rune de Dieu), car les fantômes
- c'est bien connu - du moins en Islande - sont
incapables de prononcer le nom de Dieu (Gud en
islandais).
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