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Début de l'éruption fissurale du Bardarbunga

Eruption fissurale du Barðarbunga dans l'Holuhraun

Evolution de l'éruption fissurale dans l'Holuhraun

Je vous recommande de consulter d'abord les pages 1, 2 et 3 avant de lire la suite. Pour rappel, l'activité sismique intense qui a débuté le samedi 16 août 2014 sous le glacier Vatnajokullle plus grand glacier d'Europe situé au sud-est de l'Islande et dont la calotte de glace recouvre plusieurs volcans est causée par une intrusion de magma dans le système volcanique du Bardarbunga. En 15 jours, un dykeintrusion de magma dans une fissure de l'écorce terrestre s'est formé à une dizaine de kilomètres de profondeur et a progressé de 40 km vers le nord-est, migrant sous le Dyngjujokullle Dyngjujokull est une des langues glaciaires du Vatnajokull depuis la caldera du Bardarbunga jusqu'à un ancien champ de lave appelé Holuhraun.


C'est là qu'une fissure éruptive s'est ouverte et que la lave a jailli en surface. La première éruption fissurale n'a duré que 3-4 heures le vendredi 29 août mais une deuxième bien plus puissante lui a succédé deux jours plus tard. Elle est toujours en cours.


--> Mardi 2 septembre 2014

L'activité sismique a diminué de moitié. De minuit à 6h50 du matin, seuls 110 séismes ont été enregistrés. En comparaison, hier les sismographes en avait enregistré 250 dans le même délai et 450 avant-hier. Comme d'habitude, la caldera a subi les plus fortes secousses : 4,9, 4,7 et 4,3.


activité sismique du Barbarbunga du 2 septembre
activité sismique du Barbarbunga les 1 et 2 septembre


L'activité volcanique a été constante voire croissante cette nuit. La hauteur des projections est de l'ordre de 50 mètres. Une équipe de tournage de la BBC est arrivée sur les lieu cette nuit. Nous devrions avoir encore plus de belles images dans les prochaines heures.


Le volcanologue Ármann Höskuldsson déclarait hier lors d'une interview que l'hydrogène sulfuré présent dans l'air donnait un goût de soufre dans la bouche et que si on restait trop longtemps exposé, cela se transformait en acide sulfurique dans les poumons. La teneur en dioxyde de soufre du nuage a augmenté par rapport à hier.


fontaines de lave et panache se dégageant de la fissure éruptive
fontaines de lave et panache chargé de dioxyde de soufre se dégageant de l'éruption


Depuis 8h00 ce matin, la piste 862 qui mène à Dettifoss par la rive ouest de la Jokulsà à Fjöllum est rouverte. Elle était fermée depuis le 23 août. Cela ne signifie pas que le risque de jokulhlaup a disparu mais la fermeture occasionne de lourdes pertes financières pour l'industrie du tourisme et comme le volcan est sous haute surveillance, il sera toujours temps de réagir en cas de danger imminent.


Les stations GPS situées à proximité du dyke mesurent une diminution du taux de déformation du sol. Couplé avec la diminution de l'activité sismique, cela implique que la quantité de magma injectée dans le dyke s'équilibre avec la quantité de lave émise en surface.


La préoccupation des islandais est maintenant de trouver un nouveau nom pour la coulée de lave. Certains suggèrent Bárðahraun, hraun signifie champ ou coulée de lave en islandais. Un autre choix populaire est Omarshraun, le "champ de lave de Omar" en hommage au pilote journaliste Omar Ragnarsson. La proposition la plus loufoque Eng­inn-má-taka-mynd­ir-nema-fjöl­miðlar-hraun, "champ de lave où personne ne peut prendre des photos à part les médias”, vient probablement de photographes amateurs frustrés de ne pouvoir approcher de l'éruption. Qu'ils se consolent, des agences de voyage envisagent d'organiser des survols du site éruptif.


--> Mercredi 3 septembre 2014

Ce matin, la surface totale de la coulée de lave était estimée à 7,2 km². En fin de journée, elle était de 9 km². Le front de la lave se rapproche de la rivière Jokulsà à Fjollum.


À 15h30, la zone de l'éruption a été évacuée en urgence parce que les sismographes s'affolaient. Ils enregistraient un tremor de basse fréquence, souvent annonciateur d'une entrée en éruption. Ne sachant pas d'où il provenait ni ce qui se passait exactement, l'IMO a demandé à la Protection Civile de rappeler au camp de base (refuge de Dreki situé à côté de l'Askja) les 30 scientifiques et journalistes présents sur le site. Le refuge de Dreki est situé à 800 m d'altitude hors de portée de l'éventuelle inondation qui résulterait d'une éruption sous-glaciaire.


Une profonde dépression de 1 km de large (graben) est apparue dans le sol au sud de l'actuelle fissure éruptive c'est à dire à cheval sur le bord du glacier Dyngjujokull. Les signes de cet affaissement sont visibles dans la glace sur 2 km. L'épaisseur croissante de la langue glaciaire ne permet pas de voir jusqu'où remonte la brèche mais la prolongation de la fissure éruptive actuelle jusque sous le glacier fait partie des possibilités. Cliquer sur l'image pour l'agrandir.




--> Jeudi 4 septembre 2014

Le trémor d'origine inconnue qui a alerté les scientifiques de l'IMO s'est arrêté hier à 21h30. Comme il n'y avait toujours aucun signe d'éruption sous-glaciaire ni de changement dans le débit et la conductivité des rivières ce matin, les restrictions ont été levées et les scientifiques ont pu retourner sur le site de Holuhraun. Selon eux, le trémor pourrait avoir été causé par l'interaction explosive entre le magma du dyke et de l'eau infiltrée à travers le réseau de fissures.


Armann Hoskuldsson a constaté que la coulée de lave avait avancé de 300 mètres vers le nord-est depuis hier, que les cratères de la section centrale étaient très actifs et qu'ils crachaient la lave jusqu'à 130 mètres de hauteur. L'étendue totale du nouveau champ de lave est estimée à 11 km². En 5 jours d'éruption, la fissure de Holuhraun a vomi 40 millions de mètres cube de lave.



Magnifiques images filmées mardi soir par Valdimar Leifsson. Source : RUV.is


Le nuage généré par l'éruption a atteint 6 km d'altitude. Ce nuage ne contient pas de cendre et est essentiellement composé de vapeur d'eau et de dioxyde de carbone mélés à des traces de gaz toxiques (dioxyde de soufre). Le vent étant faible aujourd'hui, les fumées volcaniques chargées de SO2 ont stagné autour du site éruptif. L'éruption a été peu visible sur les webcams, d'abord à cause du brouillard puis du vent trop faible pour chasser les vapeurs dégagées.


Entre minuit et midi, 180 secousses ont été enregistrées dans la partie nord du dyke, en bordure du Dyngjujokull, entre l'Askja et Herdubreid et autour de la caldera du Bardarbunga où quatre séismes supérieurs à 4 ont eu lieu. Record : 4,8. Bien que le taux de déformation du sol ait ralenti ces dernières 24 heures, la modélisation des données GPS montre que la quantité de magma injectée dans le dyke est toujours supérieure aux quantités éjectées par les cratères.


Pour les scientifiques, cette éruption fissurale est un laboratoire à ciel ouvert, une opportunité d'étudier "tranquillement" le comportement des coulées de lave sans s'inquiéter pour les vies humaines ou les habitations. Pour rappel, la région au nord du Vatnajokull est un plateau désertique éloigné de tout village ou infrastructure. Les infos recueillies pourront servir un jour en cas d'éruption effusive menaçant des zones habitées.


La vidéo de Kristinn Ingi Pétursson ci-dessous montre comment le mur de la coulée de lave rampe et avance par éboulements successifs. Au sortir des cratères, la lave Pahoehoe s'écoule comme de la boue. Très vite, la couche superficielle se refroidit et forme une croûte isolante sur la coulée. Au fur et à mesure qu'elle s'éloigne de la bouche éruptive, la lave devient plus visqueuse et la coulée ralentit mais en même temps, la lave continue d'affluer, créant de plus en plus de pression sur le front de la coulée qui finit par céder, se rompre et s'écrouler, laissant échapper un flot de lave sous-jacente plus chaude et plus fluide. Cela se reproduit inlassablement tant que la fissure produit de la lave.




- Photos de Geir Olafsson (Iceland Review)
- Photos de Axel Sigurðarson (Grapevine)
- Photos de Arni Saeberg (Morgunbladid) + video de son survol des bouches éruptives


--> Vendredi 5 septembre 2014

On n'a pas le temps de s'ennuyer avec le Bardarbunga. Chaque jour réserve son lot de surprises. Les sismographes de l'IMO ont enregistré un petit trémor entre 3 et 6h du matin. Vers 7h, une journaliste de la RUV qui survolait le site a rapporté l'apparition de 2 nouvelles fissures effusives au sud de l'éruption en cours, à mi chemin entre celle-ci et le glacier Dyngjujokull. De la lave s'en écoule. L'info a été confirmée à 8h30 par les scientifiques de l'IMO et de l'Institut des Sciences de la Terre présents à bord du TF-SIF des gardes-côtes.


nouvelles fissures éruptives du 5 septembre
nouvelles fissures éruptives apparues le 5 septembre au sud de l'éruption de Holuhraun


Les nouvelles fissures se sont ouvertes cette nuit à 2 km du front du glacier, au milieu du graben apparu à l'aplomb du dyke il y a deux jours. Des fontaines de lave jaillissent à 10 mètres de haut sur 700 mètres de long mais cette deuxième fissure est moins active que la première pour l'instant. Vu le danger de plus en plus réel d'une extension de l'éruption sous le glacier et d'un jokulhlaup qui s'ensuivrait immédiatement, la région a de nouveau été fermée à tous.


localisation des 2 nouvelles fissures
localisation des 2 nouvelles fissures par rapport à la précédente


La conductivité de l'eau de la rivière Jokulsà est en légère hausse indiquant la présence de gaz volcaniques dissous (activité géothermique). La dépression observée dans le Dyngjujokull à 6 km du bord du glacier s'est creusée depuis la dernière observation. Elle est située dans le prolongement du dyke et des fissures éruptive. Il n'est pas exclu qu'une petite éruption sous-glaciaire ait eu lieu et que l'eau fondue se soit infiltrée dans le socle rocheux sous le glacier.


coulée de lave issue de la nouvelle fissure
coulée de lave issue de la nouvelle fissure


L'éruption libère toujours des quantités non négligeables de SO2 dans l'atmosphère. L'activité volcanique est très intense dans la fissure nord. L'activité sismique est similaire à hier. Record : 5,3 dans la caldera du Bardarbunga.


Voir absolument cette vidéo explicative de RUV sous-titrée en anglais. Elle résume par des schémas très clairs les forces en jeu sous la surface. Et si vous n'êtes pas encore lassé de regarder la lave jaillir et ramper sur le sable, il y a encore ces belles images de Hjalti Stefánsson.


La carte ci-dessous montre la progression de la coulée de lave à Holuhraun jour après jour. Le triangle en bas situe la nouvelle fissure éruptive et le point rouge en haut à droite indique où se trouvait le front de la coulée aujourd'hui. A ce train-là, la rencontre explosive entre la coulée de lave et la rivière Jokulsà à Fjöllum devrait avoir lieu bientôt. Cliquer sur l'image pour l'agrandir.




--> Samedi 6 septembre 2014

Le centre de la caldera du Bardarbunga s'est affaissé de 15 mètres. Ce n'est pas la glace qui a fondu mais bien l'altitude du fond rocheux de la caldera qui a baissé. Aucun affaissement d'une telle ampleur n'a été constaté en Islande depuis le début des mesures de mouvements de l'écorce terrestre au milieu du XXe siècle, ni depuis l'effondrement de 300 mètres de la caldera de l'Askja en 1875 qui a créé le lac Oskjuvatn.


mesures de l'affaissement de la caldera du Bardarbunga
mesures de l'affaissement de la caldera du Bardarbunga
Source : Institute of the Earth Sciences, University of Iceland


L'enfoncement de la caldera du Bardarbunga est lié aux tremblements de terre violents qui s'y déroulent (encore trois >M3 aujourd'hui dont un de magnitude 5,0). L'affaissement correspond à un volume de 250 millions de mètres cube, soit une bonne partie du magma injecté dans le dyke. Le magma a migré depuis la chambre magmatique supposée se trouver sous le volcan vers le dyke laissant un vide (ou exerçant moins de pression). Le fond de la caldera n'étant plus soutenu, il s'effondre par accoups provoquant un gros séisme à chaque fois. Il est possible qu'il "flotte" maintenant comme un bouchon sur la chambre magmatique et que son poids (roches + calotte de glace) exerce une pression sur le magma restant et le "pousse" vers le dyke, nourrissant ainsi l'éruption en cours dans l'Holuhraun.




En une semaine d'éruption, la coulée de lave a avancé de 10 km vers le nord-est et couvre une superficie de 14,8 km² (sans compter la lave émise par les 2 nouvelles fissures au sud). La coulée de lave progresse à la vitesse de 40 mètres par heure et ne se trouve plus qu'à 1 km de la Jokulsà. Rencontre prévue demain vers 15h00. Un autre chaudron peu profond a été repéré dans la calotte du Dyngjujokull à 10 km du front du glacier, rendant de plus en plus plausible l'hyprothèse qu'une petite et brève éruption sous-glaciaire ait eu lieu là mercredi 3 septembre.


--> Dimanche 7 septembre 2014

L'activité volcanique ne décline pas. Le débit du magma est de 100 à 200 m³/s. La coulée de lave s'étire sur 11 km et s'étale sur une superficie de 16 km². Sa vitesse a doublé (80 à 100 mètres par heure) si bien qu'elle a atteint le bras le plus occidental de la Jokulsà à Fjollum ce matin, provoquant uniquement un dégagement de vapeur. Pas d'activité explosive ni de formation de pseudo-cratères pour l'instant mais ça peut encore survenir. La coulée détourne lentement le cours de la rivière vers l'est et il est possible qu'elle finisse par obstruer complètement cette ramification.


rencontre de la lave avec la rivière
rencontre de la lave avec la rivière Jökulsá á Fjöllum - Photo: Ómar Ragnarsson/RÚV


En 48 heures, les sismographes n'ont enregistré que 380 secousses. On est bien loin des 2200 du mois d'août. Comme d'habitude, les deux plus gros (5,4 et 4,5) ont eu lieu au bord de la caldera du Bardarbunga. Selon Magnús Tumi Guðmundsson, tous ces séismes rendent une éruption sous le glacier plus probable qu'avant.


Les scientifiques ont donné des noms aux différents cratères afin de s'y retrouver. Voici donc alignés sur la première fissure : Norðri, Baugur and Suðri, c'est-à dire le cratère Nord, l'Anneau et le cratère Sud. La nouvelle double fissure au sud n'a pas encore été baptisée. Elle ne montre plus de signe d'activité depuis cet après-midi.


nom des cratères
la nouvelle fissure est à droite - Photo: Institute of Earth Sciences


Neuf chercheurs ont été autorisés à retourner sur le terrain, toujours prêts à évacuer selon la tournure des événements. Ils ont trouvé des cheveux de Pélé sur le sol. Il s'agit de gouttelettes de lave étirées en fins fils par le vent et la vitesse de projection. Le terme de "cheveux de Pélé" vient de Hawaï où Pélé est une déesse mais les islandais les appellent "Nornahár", cheveux de sorcières, ce qui fait plus couleur locale.


Une troisième dépression a été repérée dans la langue glaciaire du Dyngjujokull. Comme les deux précédentes, elle est alignée dans l'axe du dyke et de la fissure éruptive. Sa profondeur n'a pas encore été estimée. Celle du premier chaudron situé à 6 km du bord est de 35 mètres.


première dépression repérée dans la glace du Dyngjujokull
première dépression observée dans la glace du Dyngjujokull
Photo: Thordis Hognadottir/Institute of Earth Sciences

--> Jeudi 11 septembre 2014

Petit bilan sur l'évolution de l'éruption fissurale dans l'Holuhraun ces 4 derniers jours. L'activité volcanique se poursuit sans gros changement. Les fissures qui se sont ouvertes le 5 septembre ne sont plus actives. L'éruption et l'émission de lave se concentrent autour des cratères Baugur et Suðri. Norðri n'émet plus que de la vapeur d'eau et des gaz. L'épanchement de lave estimé à 100 millions de mètres cube depuis le début de l'éruption est le plus important depuis le 19e siècle. Il détrône l'éruption du Krafla en 1984. Seule l'éruption de l'Askja en 1875 le surpasse.


La coulée de lave progresse vers l'est à la vitesse de 100 mètres par heure et s'élargit légèrement vers le nord. La distance entre Suðri et le front de la coulée est de 16,8 km. La superficie couverte par la lave dépasse 20 km².


superficie de la coulée de lave le 11 septembre
superficie de la coulée de lave le 11 septembre à 8h00 (ligne jaune) - Institute of Earth Sciences


La lave suit maintenant le lit de la rivière Jokulsà à Fjollum qui n'a eu d'autre choix que de s'écarter vers l'est. La coulée s'approche d'une zone où le lit de la Jokulsà traverse un ancien champ de lave et la rivière n'aura plus le loisir de dévier son cours dans les plaines de sable. Il se peut que la lave forme un barrage derrière lequel l'eau va s'accumuler jusqu'à ce que la rivière arrive à se frayer un passage à travers la nouvelle coulée. Voir le schéma de Sigurður Sigurðarson. La lave n'est plus qu'à 2 km de la rivière Svartà, un affluent de la Jokulsa. Il est fort possible qu'elle fasse disparaître, du moins temporairement, la cascade Skínandi aussi connue sous le nom de Drekafoss.


interaction lave rivière
confrontation de la lave avec la Jokulsà à Fjöllum le 11 septembre - Photo: Norðurflug


Progression de la lave dans la rivière Jokulsa
front de la coulée progressant dans la rivière Jokulsa - Photo: Ragnar Axelsson/mbl


Concernant l'émission de gaz toxiques, les concentrations de dioxyde de soufre sont toujours élevées sur le site de l'éruption. Les scientifiques ont dû évacuer les lieux à plusieurs reprises parce que les taux de CO2 et de SO2 devenaient dangereux pour leur vie suite à de brusques changements de direction du vent. Bien qu'ils essaient toujours de se trouver du côté d'où souffle le vent, la chaleur dégagée par la coulée crée des courants de convection thermique qui perturbent les conditions de vent locales. Les changements sont soudains et imprévisibles.


Toutes les personnes qui travaillent sur le site portent des capteurs et des masques à gaz et ne s'éloignent jamais à plus de 5 minutes à pied d'un véhicule. Tous les 4x4 sont équipés de masque à oxygène en cas d'urgence. Les capteurs sont placés sous le genou vu que le SO2 et le CO2 sont plus lourds que l'air et stagnent dans les dépressions et les creux du terrain. Dès que la concentration d'un gaz dépasse le seuil d'alerte, le capteur émet un signal et les scientifiques doivent immédiatement quitter les lieux. Ils ont certes la chance d'être sur place pour assister à cette magnifique éruption mais il ne faut pas oublier qu'ils risquent leur peau. Voici les dangers des gaz volcaniques (document en anglais).


Une brume bleuâtre due au SO2 a plané tout le week-end sur l'est du pays. Samedi, la ville de Reyðarfjörður située à 130 km à l'est de l'éruption a enregistré le plus haut niveau de pollution au SO2 depuis le début des mesures en 1970. La qualité de l'air y est mesurée à cause de la proximité de la fonderie d'aluminium. Le niveau était retombé à zéro mardi mais hier à 14h00, un nouveau pic de pollution quatre fois supérieur a été mesuré (2550µg/m3). Cette concentration n'affecte pas les personnes en bonne santé mais peut occasionner des difficultés respiratoires chez les sujets asthmatiques. Aussi, il leur a été conseillé de rester calfeutrés à l'intérieur et aux personnes saines d'éviter tout exercice physique en extérieur.


pic pollution SO2 à
concentration de SO2 dans l'air à Reyðarfjörður - source: ust.is (Environment Agency of Iceland)


Malgré tout, les habitants se sont plaints d'avoir un mauvais goût dans la bouche, des maux de gorge, les yeux qui piquent et des maux de tête. Le niveau de pollution dans l'est de l'Islande est retombé aujourd'hui. La qualité de l'air est désormais aussi surveillée à Reykjahlíð au bord du lac Myvatn et à Egilsstaðir à l'est du pays. Les mesures de SO2 peuvent être consultées sur ce site. De fortes concentrations en SO2 sont attendues cette nuit et demain vendredi dans la partie nord des fjords de l'Est.


L'odeur du dioxyde de soufre a été sentie hier sur la côte ouest de la Norvège, à 1300 km de l'éruption. Il est si dilué qu'il ne présente aucun danger. Les photos satellite montre que le panache de l'éruption qui s'élève à environ 6 km d'altitude a migré en direction de la Norvège.


activité sismique du Barbarbunga les 10 et 11 septembre
activité sismique du Barbarbunga les 10 et 11 septembre


L'activité sismique se poursuit à un rythme moins soutenu. Hier comme aujourd'hui, 150 séismes ont été enregistrés entre minuit et 19h00 contre 230 le 9 septembre. Les tremblements de terre autour de la caldera du Bardarbunga sont toujours les plus violents. Records du jour : 5,4 et 5,2. Il y a eu 40 secousses sur le pourtour de la caldera aujourd'hui. Les autres, tous inférieurs à 2 de magnitude, ont eu lieu dans la partie nord de l'intrusion. Le code d'alerte de l'Askja est repassé au vert. Celui du Bardarbunga reste orange.


Le centre de la caldera continue de s'enfoncer d'environ 90 cm par jour. Les dernières mesures montraient un affaissement de 20 mètres. Cet effondrement de la caldera couplé aux violents séismes qui s'y déroulent préoccupe sérieusement les scientifiques et la Protection Civile. Ils craignent de plus en plus une éruption sous-glaciaire dans la caldera. Voici les trois évolutions possibles d'après Magnus Tumi Gudmundsson et Pall Einarsson, professeurs et géophysiciens à l'Institut des Sciences de la Terre de l'Université d'Islande :

  • Dans le premier scénario, l'effondrement de la caldera s'arrête et l'éruption à Holuhraun décline progressivement.

  • scénario 1


  • Dans le deuxième scénario, l'effondrement de la caldera se poursuit à grande échelle et fait pression sur la chambre magmatique poussant le magma vers le dyke, ce qui aura pour effet de nourrir et prolonger l'éruption à Holuhraun. La fissure éruptive pourrait s'allonger vers le sud sous le Dyngjujokull provoquant une crue de la Jokulsà à Fjöllum et un nuage de cendre volcanique. L'apparition de fissures à d'autres endroits n'est pas exclue.

  • scénario 1


  • Dans le troisième scénario, l'effondrement de la caldera se poursuit à grande échelle et provoque une éruption sur les bords de la caldera du Bardarbunga. Il y a des chances que cela court-circuite l'éruption à Holuhraun mais il en résultera une fonte considérable de glace. L'eau fondue ne sera peut-être pas libérée immédiatement à cause de la forme creuse de la caldera mais elle risque de provoquer une inondation majeure dans la Jokulsà ou dans une autre rivière glaciaire.

  • scénario 3

--> Suivre l'évolution de l'éruption fissurale à Holuhraun sur la page 5


--> PHOTOS & VIDEOS

Vidéo 1 : gros plan sur les fontaines, la coulée de lave et le panache du 1er septembre (RUV)

Vidéo 2 : survol de l'éruption fissurale de l'Holuhraun le 1er septembre (avion des gardes-côtes)

Vidéo 3 : survol de l'éruption fissurale de l'Holuhraun et de la coulée de lave avec Myflug Air

Vidéo 4 : timelapse du panache généré par l'éruption (images accélérées de la webcam Mila 1)

Vidéo 5 : fontaines de lave et coulée incandescente filmées le 2 septembre (RUV)

Vidéo 6 : impressionnantes images d'un survol en hélicoptère effectué le 4 septembre ***

Vidéo 7 : premières images de la deuxième fissure découverte à l'aube du 5 septembre ***

Vidéo 8 : survol des fissures éruptives ouvertes le 5 septembre diffusé par RUV ***

Einar Gudmann : magnifiques photos aériennes de l'éruption prises le 1er septembre

Andrew Chastney: photos prises par un réalisateur de documentaires pour la BBC

Début de l'éruption fissurale du Bardarbunga - Eruption fissurale du Barðarbunga à Holuhraun - Evolution de l'éruption fissurale dans l'Holuhraun
 

Textes et Photos : copyright France Demarbaix - Toute reproduction interdite - Tous droits réservés