Collaboration entre peintre et photographe
Posté par francevoyage le 4 mai 2009 - 12:11 | Catégorie: coup de coeur.
Pour faire suite à l'article peindre ou dessiner d'après une photo rédigé précédemment, j'aimerais vous parlez d'une belle rencontre artistique entre une peintre et une photographe. Voici mon coup de coeur pour les peintures de Nathalie Scouflaire.
Il y a quelques mois, jai reçu un email émanant dune peintre amateur. Celle-ci revenait dun spectacle de tango qui lavait fortement emballée et désirait faire une série de tableaux sur le sujet. Soucieuse de tout bien faire dans les règles au cas où un jour elle passerait à la vitesse supérieure (exposition et vente), elle sollicitait mon autorisation pour sinspirer de mes photos.
Autorisation que je lui ai accordée après avoir jeté un oeil sur ses précédentes réalisations et lui avoir expliqué la législation en matière de droits dauteur développée dans larticle susmentionné. Elle a choisi 5 images dans mes galeries (zut, les plus belles ! elle a eu le chic pour dénicher les meilleures ;-) et nous avons convenu quelle me verserait une commission si jamais elle vendait un jour ces tableaux. Passé ce premier contact un peu formel, nous avons commencé à correspondre, échangé nos expériences, nos passions et nos points de vue, découvrant chacune lunivers de lautre et ses difficultés insoupçonnées. Difficulté pour le photographe de vivre de son art à cause des reproductions illicites qui sont autant de manque à gagner et difficulté pour le peintre de travailler autrement quà partir de photos.
Si je lui ai accordé mon autorisation, cest parce que jai bien aimé son style et me suis dit quentre ses mains et pastels secs, mes photos ne risquaient pas dêtre dénaturées ou enlaidies. Au contraire, jétais curieuse de voir ce quelle pourrait bien en faire. Je lui ai fait confiance et nai pas été déçue. Dès la fin de chaque tableau, Nathalie men envoyait une copie par email en commentant les difficultés quelle avait eu à le réaliser et son degré de satisfaction face au résultat final. Je les ai tous approuvés et aimés, lui renvoyant mes impressions à chaque fois pour lencourager. On note une progression de la technique au fil des tableaux ainsi quune prise dindépendance par rapport au modèle original. Le dernier dégage beaucoup de classe et délégance. Cest mon préféré.
Ce cinquième et dernier tableau clôture pour le moment notre riche collaboration, Nathalie souhaitant passer à un sujet plus dénudé. Nous gardons toutes les deux un excellent souvenir de ces quelques mois qui nous ont réunies artistiquement et humainement parlant. On est même devenues « amies » sur Facebook. Encouragée par cette première expérience très positive, Nathalie a tout naturellement contacté un autre photographe pour son nouveau sujet et devinez quoi celui-ci a dit oui ! Comme quoi, il suffit dêtre respectueux des autres pour que les portes souvrent.
Il fut très intéressant de comparer la sensibilité de chacune. Déjà dans le choix des images reproduites, jai pu comprendre ce qui attirait Nathalie dans le tango, la sensualité certes, mais aussi la fusion des corps et labandon. Elle a aussi introduit dans ses tableaux de la tendresse qui nétait pas forcément présente dans les photos au départ. Cest lavantage de la peinture par rapport à la photographie.
Remarquez aussi comme les tableaux rentrent plus dans le vif du sujet en nhésitant pas à couper mains et jambes pour se concentrer sur lentrelacement des corps. A bien y regarder, cest fou comme un tableau ou une photo révèle dinformations sur la personnalité de son auteur. Cest bien là la définition des oeuvres de lesprit. Chaque artiste y dévoile sa propre vision du monde.
Pour découvrir les autres oeuvres de Nathalie Scouflaire, je vous invite à visiter sa galerie sur nathaliesc.wordpress.com. Ses débuts sont très prometteuses et vous verrez que Nathalie a déjà sa patte personnelle.
Jespère que ce témoignage encouragera les peintres, dessinateurs et graphistes à prendre contact avec les auteurs des photos qui les inspirent plutôt quà leur dérober leur travail en douce. Non seulement ils sont dans lillégalité mais ils se privent surtout de riches échanges humains et artistiques comme celui-ci. Collaborer dans le respect des droits de chacun devrait être la seule règle dusage entre les vrais artistes.
Après tout, chaque partie, peintre ou photographe met tout son cur et une partie de son âme dans ses réalisations.
10.06.2009 Nouvelle de dernière minute : Nathalie et moi exposerons ensemble à Bruxelles, lautomne prochain. Voir les infos.
photos : © France Demarbaix
peintures : © Nathalie Scouflaire
5 mai 2009 à 21:17
Bravo à vous deux !
12 mai 2009 à 17:59
Belle expérience que voilà.
Un peu comme deux musiciens qui se rencontrent...
18 novembre 2011 à 9:26
Bonjour,
Je suis artiste peintre en formation, et suite à votre article, jai voulu suivre vos conseils. Jai réalisé plusieurs toiles, pour mes exercices en académie, de photos que je trouvais superbes du photographe Michel Loup. Jai acheté son livre (pas donné!) et donc pendant lannée en cours, jai peins daprès ses photos. Lorsque jai terminé, je lai contacté, espérant comme vous le mentionnez, une autorisation de sa part, à défaut dune collaboration, et bien décidée à lui payer des droits le cas échéant, pour pouvoir éventuellement les exposer et/ou les vendre. Je nai pas demander dautorisation avant de les peindre car jespérais quen voyant le résultat, il serait intéressé. Mal men a pris, jai reçu un mail dinsultes et menaces, qui mont presque décidée à stopper mon activité tant celles-ci étaient virulentes, alors quun non aurait suffit. Je voulais donc partager mon expérience.
Bien à vous.
6 décembre 2011 à 3:32
Bonsoir Marie Ange,
Merci pour ton témoignage. Il aurait fallu demander lautorisation avant de peindre. Après coup, le photographe se retrouve devant le fait accompli et peut se sentir trahi et lésé. En effet, même sil te refuse son accord retroactif, tes tableaux existent bel et bien et il peut craindre que tu les exposes quand même et les vendes à son insu. Doù sa réaction et ses menaces.
Que cela ne te décourage pas et ne tincite pas à arrêter la peinture. On fait tous des erreurs quand on débute. Moi aussi je me suis fait sonner les cloches par des danseurs de tango professionnels à mes tous débuts parce que javais vendu des photos deux. Ils évocaient leur droit à limage. Depuis, je suis hyper prudente avec le droit à limage, peut-être même trop.
Tu as sans doute compris la leçon et veillera à lavenir à demander lautorisation avant de commencer ton travail. Ne reste pas paralysée par cette première expérience négative et dis-toi que tu ten tires bien. Tu auras appris, certes un peu rudement, quil faut respecter les autres artistes. Je suis sûre que tu feras en sorte que cette mésaventure ne tarrivera plus jamais ;-)
28 septembre 2013 à 11:36
Un mariage entre linstant photographique et la peinture interprêtée qui donne envie den voir plus Superbe, bravo.